Le Cycle des Cieux, Tome 4 : Intrigues au Palais d'Argent by Allyps | World Anvil Manuscripts | World Anvil

Chapitre 10

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Michaël attendit, debout sur une terrasse carrelée de blanc, le souffle coupé. Une centaine de puissances l'entouraient, resplendissantes dans leurs armures cérémonielles irisées. Les yeux grands ouverts malgré l'épuisement, Michaël vit droit devant el Idiel, de dos. L'archange-domination était enveloppé d'une sublime robe de perles aux reflets bleutés qui rappelaient les iris de ses yeux, mit clos. Les mains jointes devant sa bouche, el semblait réfléchir intensément. Le vent balaya ses longues manches de soie. À ses côtés, les centaines de dominations et de vertus qui composaient sa petite cour patientaient els aussi. Els riaient et jappaient, trépignant d'excitation. Els portaient la chasuble blanche de la Maison Pythie, celle des dominations oracles. Mais la couleur immaculée de leur tunique était striée d'or et de bleu, les couleurs d'Idiel. Mille prédictions dégringolaient de leurs bouches ou fusaient dans le réseau EL local. Michaël les entendit sans les comprendre.

La jeune vertu frissonna. Une nouvelle vague de vibrations le parcouru, venues du sol. L'air aussi vibrait, après chaque coup de tonnerre qui résonnait depuis le ciel venteux, juste après l'éclair. Le tissu de l'espace-temps était martyrisé par les ophanim, qui faisaient entrer dans cette dimension des millions de vaisseaux aux travers de leurs portails, des plus grandes barges de voyage aux petits véhicules personnels. Sous l'orage, une lente litanie résonnait, portée par la voix de milliards d'élohim. Els convergeaient tous vers le Cosmaréon, au cœur du domaine de Padmilia, pour le conseil de guerre. 

Au zénith, l'édifice était à peine visible, submergé par un océan de halos fondus en une seule lumière aveuglante. Une des puissances d'Idiel donna le signal dans le réseau EL local et la suite décolla. À tire-d’aile, els commencèrent leur chemin vers le Cosmaréon. L'angoisse de Michaël grandit alors que les coups de tonnerres se multipliaient, boom, boom, boom. L'espace-temps vibrait sous ses doigts si sensibles et pourtant, el devait voler sans faillir, sans montrer sa faiblesse. La jeune vertu remercia le vent qui le portait, seul soulagement dans cette atmosphère menaçante. Idiel et sa suite auraient pu se rendre au Cosmaréon dans une navette mais non, Idiel avait refusé. L'archange-domination insistait pour voler de ses propres ailes. 

— Si je ne vole pas mon esprit se perdra entre les étoiles, avait-el brièvement expliqué avant le départ. 

Génial... Après une heure de vol, Michaël lutta pour rester stable. Des ophanim vinrent tournoyer autour du groupe, bourdonnant comme un essaim furieux. Idiel cria et s'agita. Un craquement assourdissant retentit. Le souffle de Michaël se coupa. Vertige. La seconde suivante, une galaxie chaotique engloutissait le jeune Fitzarch. Les chants des élohim submergèrent son corps comme son esprit. Un chant de résilience, de courage. 

— Hop !

Une puissance rattrapa Michaël dans sa chute et le hissa dans le peloton d'Idiel, qui caquetait encore d'agacement. Il fallait à présent entrer dans le Cosmaréon. L'édifice, qui faisait la taille d'une petite lune, avalait des flots entiers d'élohim. Mais par miracle, Idiel sembla trouver un itinéraire direct, presque rapide. Michaël, les yeux toujours grands ouverts par l'hypervigilance, resta accroché à la puissance qui l'avait secouru, qui ne se priva pas de ricaner. La cour traversa des arches blanches, soulevant des nuages de poussière de craie. Des vertus de Padmilia, vêtues de son mauve signature, accueillirent le groupe en plein vol pour le mener vers une grande loge, qui donnait une vue splendide sur l'intérieur du Cosmaréon, sorte de stade avec un grand hologramme en son centre. Ici, les esprits des élohim s'unissaient dans un réseau EL boosté. Michaël cligna des yeux. Comme dans la plupart de ce genre de monuments hyper-vastes, c'étaient les manipulations des ophanim qui rendaient possible une communion entre des milliards d'élohim en un seul endroit. Ainsi, tous les élohim avaient une vue correcte de la scène au centre. Idiel s'affala dans un fauteuil aux portes-ailes ornés. Michaël s'assied modestement à ses pieds. Derrière, les dominations de la Pythie continuèrent à papoter en lançant des regards étranges vers Michaël. 

— Alors ? Ça te plait ? minauda Idiel en direction du jeune Fitzarch.

Ce dernier ne sût comment réagir. Un conseil de guerre n'était pas un moment de célébration mais... 

— Je ne parle pas du conseil, ria Idiel, interrompant les pensées de Michaël. Je parle du Cosmotruc.

— Ah... Euh, oui c'est un bel édifice. 

— Il fut construit bien avant la Seconde Brisure, sourit Idiel. Une des rares structures qui existaient avant ma naissance. Enfin, je peux accorder cela au Palais d'Argent lui-même. C'est un survivant. Ah oui, je me souviens de ma première fois ici. Nous nous sommes réunis souvent dans cet endroit entre Saint Archanges. Il n'y a plus que ça ici mais à l'époque nous n'étions qu'une poignée à avoir été bénits par ton Père pour régner sur nos royaumes. C'est là que j'ai rencontré mon Lemnel adoré pour la première fois, le superbe spécimen qui a repris Guebourah des griffes du chaos. Oh Lemnel...

— C'est ici que vous avez organisé la reconstruction, comprit Michaël. C'était il y a... sept millénaires... par EL. 

— Et affronté les titanomachies, compléta Idiel. Enfin, "affronté" pas en tant que combattant évidemment Non, nous les dominations de la haute, on a plus le droit d'aller au front avec les bêtises qu'on a faites.

— Je connais les histoires, sourit Michaël. Les oracles guerriers refusant de se plier aux ordres de la Milice. Une petite danse qui n'en finit pas. 

— Des êtres vils ces oracles rebelles, et els les ont ressortis des placards pour la Brisure, ces idiots. Pour le résultat qu'on a eu... Mais figure-toi que ton Père les a à chaque fois ressortis pour les titanomachies. Et à chaque fois, c'est bibi qui a dû les récupérer avant qu'els ne saignent la Création jusqu'à sa mort. Je prévenais ton Père pourtant mais el n'en fait qu'à sa tête. Maintenant nous revoilà pour une danse, comme tu le dis, la première, la deuxième, la troisième... Je ne sais même plus à laquelle nous en sommes.

— La cinquième ? proposa Michaël. La cinquième titanomachie je crois. 

— Oh, peu importe. Que ce soit une titanomachie ou une Brisure, els vont encore ne parler que des partzufim, râla Idiel alors que les archanges, les dignitaires et leurs cours remplissaient les gradins. Maudites armes de mort. Els ne comptent que sur el. Je les ai prévenus pourtant...

— Merci de m'avoir emmené ici, dit alors Michaël, distrait par la galaxie qui se formait dans le stade. C'est la première fois que j'assiste à un conseil de cette ampleur. 

— Je voulais me rattraper, révéla Idiel. Après notre petite mésaventure dans le musée. J'aurais dû te prévenir de qui t'attendait. 

Michaël baissa les yeux, embarrassé. Idiel avait eu la délicatesse de ne pas lui poser trop de questions à ce sujet. El n'utilisait pas non plus son pouvoir de domination à la moindre contrariété sur sa cour ou ses invités. L'attitude de l'archange-domination était rafraichissante, détachée, sans intérêts ou attentes cachés. Presque amicale. 

Au centre du Cosmaréon, les hologrammes s'allumèrent. Une animation s'afficha. On voyait l'Abysse s'ouvrir comme une gueule atroce pour vomir une horde monumentale sur la Création. Ralenties par les forces de Guebourah et par les partzufim, les ténèbres coulaient cependant autour du pilier de l'Équilibre, droit sur Tiphéreth, puis sur Yesod et Malkouth. Michaël ouvrit grand la bouche, le souffle coupé par l'ampleur de l'invasion. La horde des ténèbres était assez grande pour être visible sur tout l'arbre de la Création. C'est ça, une titanomachie...

— La horde fonce sur Malkouth, déclara soudain une voix qui résonna dans tout l'univers. Le Malin poursuit le festin des créatures. Des clusters entiers ont déjà été évacués. 

Une clameur d'effroi et de colère s'empara de toute l'arène alors que Padmilia faisait son entrée, sans se préoccuper d'une introduction. L'archange resplendissant tournait en rond sur la scène, habillé d'une armure d'argent. D'un clignement de son halo, el afficha sur l'hologramme un plan du royaume de Malkouth, immensément vaste. Des galaxies entières avaient déjà été englouties par la horde. Les élohim fuyaient. La gorge de Michaël se serra. Tous ces mondes dévorés, quel gâchis...

— Élohim ! appela Padmilia. Anges, archanges, principautés, puissances, vertus et dominations ! Il est temps d'unir nos forces ! Il est temps de livrer toutes nos ressources au combat. 

La clameur pleine de douleur regagna la foule. 

— Cessez de geindre, marmonna Idiel. Comme si on avait le choix...

Michaël soupira. Les lamentations et autres expressions catastrophées des dignitaires l'irritèrent. Ces élohim étaient en majorité des aînés, des dignitaires qui représentaient les souverains d'une infinité de domaines. Pourquoi pleuraient-els comme des enfants ? Étaient-els des fermiers sans défense ? Michaël n'avait jamais vu ça. 

— Els pleurent alors qu'els ne mettront plus une aile dehors avant des siècles, dit Idiel. 

Michaël ne comprit pas. El se tourna vers l'archange domination, intrigué. 

— Le Palais d'Argent est une prison dorée... enfin... Une forteresse, un donjon. 

— Un Sanctuaire, corrigea Michaël.

— Le dernier Sanctuaire. Le seul qui résista à la Seconde Brisure. Un refuge.

Les yeux de Michaël se remplirent de frustration lorsqu'el comprit. 

— Ces élohim ne sont pas là pour prendre leurs ordres et partir à la rescousse des mondes fertiles, révéla Idiel. Si els ne voulait que cela, els auraient pu simplement rejoindre un serveur sécurisé sur le réseau EL. Mais non, els viennent ici pour mascarader leur engagement auprès de Padmilia, apaisant au passage ses petits cœurs brisés, et en échange résider ici jusqu'à la fin de la guerre. Ah Padmilia... est le seul ici qui aimerait sortir combattre, mais qui ne le peut pas.

— Pourquoi ? souffla Michaël.

Idiel sourit, les yeux mis clos. 

— Tu demanderas à ton Père...

Le Cosmaréon se calma sensiblement alors que l'archange Padmilia, roi de Shemesh, ancien Grand Corsaire du cosmos de Malkouth, prenait la parole. Un hologramme immense affichait au-dessus d'el les images de sa narration. Ainsi, les grands dignitaires des cieux virent et entendirent. Les ailes de la Milice Céleste assaillaient l'Abysse-entre-les-Cieux pour tenter de contenir la horde. Leurs forces lumineuses entouraient le gouffre de ténèbres, tentant de l'étouffer. Mais des galaxies entières d'élohim disparaissaient sous la marée noire. La mort se répandait comme une tache d'encre, coulant progressivement sur les royaumes inférieurs. Même Michaël, habitué à ces images de suivi stratégico-militaires, se retrouva les entrailles nouées, la gorge remplie de larmes. 

— Nos puissances, nos vertus et nos dominations se sacrifient pour détruire un maximum de démons, expliqua Padmilia face au massacre. Les chérubins balancent des vaisseaux entiers remplis d'explosifs sacrés pour causer un maximum de dégâts parmi les poches de larves. Les séraphins dressent des murs de feu sacré pour canaliser les hordes dans des goulots d'étranglement. Et bien sûr nous devons ces images à nos valeureux ophanim. 

Michaël grimaça. Chaque illustration vidéo de ces récits finissait coupée brusquement. La mort, la mort, la mort à la fin tout le temps. 

— La Milice de la Forteresse se concentre évidemment sur la défense de Guebourah, expliquait Padmilia. Nous devons sécuriser notre production de puissances. Guebourah reste le fournisseur principal mais tous les autres royaumes ont relancé les plans de natalité d'urgence. Le généralissime Camaël a porté les industries d'insémination à leur maximum. Les azohim du royaume pondent tous les jours. Et celles des autres aussi car les schémas de production guébouréens ont été appliqués à tous les royaumes inférieurs, dans tous les gynécées. 

Michaël soupira doucement. Mère pond-elle aussi ? se demanda-t-el. Ophélia avait été une maîtresse du Grand Architecte. Elle était normalement exemptée de s'unir à des élohim pour un long moment. L'état d'urgence changeait-il cela ? Michaël allait-el avoir des petits frères puissances ?

— La Milice de la Forteresse assure aussi le passage des âmes dans l'Abysse, dit Padmilia. Nous les menons jusqu'à l'horizon des évènements et par la grâce d'EL, elles ressortent vers les royaumes supérieurs !

Un soupir de soulagement et quelques applaudissements balayèrent le Cosmaréon. 

— La Milice des Étoiles protège Hessed, gros fournisseur de troupes comme vous le savez, reprit Padmilia, concluant le sujet des âmes un peu vite. Et le Ministère engage toutes ses dominations dans le conflit. Les dominations de la Maison Mars sont toutes au combat. Les mesures d'exception sont en place pour qu'els déchaînent leurs pouvoirs, quitte à commettre quelques hérésies en possédant leurs propres troupes. Nous gérerons cela après le conflit par la grâce d'EL. 

À côté de Michaël, Idiel grogna.

— Le généralissime Gadreel et la Milice du cœur protègent notre royaume, Tiphéreth, continua Padmilia. Le Palais d'Argent tiendra, comme il a tenu lors de la Brisure et des titanomachies précédentes. Mais nous devons notre survie à Zeir Anpin et Atik Yomin. Sans nos grands partzufim, nous ne serions déjà plus là...

Michaël observa attentivement les mouvements des troupes sur la grande carte des Cieux. Les forces de la Milice, innombrables, tournoyaient autour des royaumes, canalisant la horde qui avait échappé au blocus de l'Abysse. Elle coulait à présent le long des piliers de la Création. Michaël vit alors les partzufim à l'œuvre. En crachant leur lumière le long de ces chemins, els tailladaient de grandes portions des ténèbres, les rayant de la carte. Mais il était évident que sans eux...

— Malkouth aurait déjà été dévoré par la horde, conclut Padmilia. Mais des anomalies se multiplient dans le cosmos. Nous perdons contact avec des systèmes du jour au lendemain ! Nukvah peut vaincre les hordes, mais el ne peut veiller sur toutes les étoiles de l'univers.

— Les pertes de contact ne sont pas rares à Malkouth, répliquèrent quelques haut-dignitaires. 

— Elles augmentent ! affirma Padmilia. Et je pense savoir pourquoi...

Aux côtés de Michaël, Idiel fronça des sourcils.

— Comme vous le savez, j'ai un attachement particulier pour Malkouth, dit Padmilia. En que Grand Corsaire, j'ai conquis bien des mondes où se recompose l'âme d'EL. J'œuvre aujourd'hui pour que mon domaine soit préservé de cette horde titanesque. Je ne peux pas sortir d'ici, mais je dois tout faire pour protéger les âmes de mon domaine ! Je sais que Gadreel et Camaël sont les références en termes d'intelligence militaire et qu'il est insolite que je présente ce conseil, mais j'enjoins vos archanges à ne pas oublier Malkouth ! 

— Non mais el est malade ou quoi ? marmonna alors Idiel. Pourquoi el se ramollit comme ça ? El veut que tout le monde quitte l'arène ?

Michaël fronça les sourcils. Il n'était pas commun pour un archange d'une telle stature de se délégitimiser ainsi, à travers ses propres paroles. Mais il était vrai que Padmilia n'était à la base qu'un ange explorateur, pas un guerrier. El avait mené des troupes d'anges lors de la Seconde Brisure mais n'avait pas les galons pour ainsi convoquer un conseil de guerre. Et pourtant, el l'avait fait. El qui d'habitude recevait pour célébrer la semaine de la mode avait joué de ses relations pour réunir tous ces dignitaires ici et leur transmettre un message. Mais lequel ? Celui de protéger Malkouth ? Qui ne voulait pas protéger Malkouth ? 

— Et les royaumes supérieurs ?! s'écria soudain un dignitaire. 

Des centaines puis des milliers d'autres reprirent sa question. Padmilia répondit.

— Kether, Chokmah et Binah sont vaillamment protégés par les milices du Père, de la Mère et de la Flamme Endiablée comme toujours, ainsi que par deux partzufim. L'archange Métatron veille sur la Couronne. El est en contact avec le généralissime Gadreel. Je ne suis pas un expert des royaumes supérieurs cependant...

Une vague de protestation s'empara du Cosmaréon. 

— Cesse d'avouer tes faiblesses cousin, soupira Idiel en voyant ce spectacle. 

— Quelque chose le perturbe ? demanda Michaël. 

— El va y venir. 

— Je dois vous parler de Malkouth ! clama Padmilia. Car nous y avons sans doute découvert les caractéristiques de cette nouvelle horde titanesque ! Comme vous les savez, chacune des cinq hordes titanesques qui nous ont attaqué ces derniers millénaires possédait une caractéristique spéciale, un pouvoir abominable servant à contrecarrer nos efforts. Cette horde ne semblait pas en posséder jusqu'à présent, mais elle semble avoir révélé son secret ! Sur une petite planète nommée Sicad !

Le souffle de Michaël se coupa. El recula dans son siège, comme aspiré par une soudaine envie de disparaitre. Son esprit s'emplit d'horreur, son halo vacilla. Idiel vit son trouble et posa alors sa main sur celle du jeune Fitzarch. Sur la scène, l'archange Pomiel entra. El était habillé d'une tunique traditionnelle, celle des corsaires du Haut Tikkun, noble dans sa simplicité. Ses cheveux à présent violets étaient plaqués en arrière. Son halo rose scintillait alors qu'el se plaçait aux côtés de Padmilia, qui le présenta.

— Pomiel était un ange émérite de mes flottes expéditionnaires, dans le cadre de la Croisade du Primogène. C'est el qui à l'époque, a redécouvert Sicad et par la grâce du regretté Sandalphon, en a repris le contrôle pour y relancer la récolte des âmes ! Sicad se trouvait dans l'amas de Laniakea, dans une zone où les pantins de Chang'el régnaient encore illégalement. Nous leur avons pardonné car els avaient été isolés par la Seconde Brisure, plongés dans les ténèbres et l'ignorance ! Mais grâce au règne de Pomiel, la planète était revenue dans la lumière d'EL !

Les élohim du Cosmaréon applaudirent. Pomiel prit alors la parole. 

— Il y a cinq ans, j'ai perdu ma planète, Sicad, clama l'archange Pomiel, sous les assauts de ce que nous pensions être une horde classique. Cette dernière se dirigeait à priori vers la planète Oméga, un monde fertile majeur de notre amas, mais finalement, c'est Sicad qu'elle a attaqué. Rien de très surprenant, me direz-vous. Les démons sont volatils. Mais en réalité, les choses ont été bien plus étranges. En effet, la horde nous a pris par surprise ! Nos ophanim ne l'ont pas vue ! Nos blasters ne l'ont pas révélée ! En vérité, elle nous est tombée dessus en l'espace de quelques heures ! Sans même que nous puissions la voir arriver ! La flotte d'Éden a tenté de nous prévenir, mais leurs messages ne nous sont jamais parvenus !

Un brouhaha s'empara du Cosmaréon alors que certains protestaient pour préserver le silence et entendre Pomiel. Mais c'est Padmilia qui reprit la parole. 

— La horde, que nous pensions normale, a créé un black-out total mais imperceptible pour Sicad elle-même ! Ainsi la planète n'a pu être évacuée ! Elle n'a pu être sauvée ! Seule l'intervention de Nukvah a permis aux élohim d'éradiquer la horde ! Mais il était déjà trop tard pour Sicad...

— C'est faux... souffla Michaël. 

El ne le vit pas, mais le halo d'Idiel s'immobilisa, concentré, attentif. 

— Il y a cinq ans, nous pensions que cette horde était normale, continua Padmilia. Nous pensions que la dévastation de Sicad était une tragédie anodine ! Mais à présent qu'une horde titanesque se déverse sur nous, nous ne pouvons-nous empêcher de nous demander... Et si cette horde avait été un filament précurseur ? 

Idiel marmonna. Les filaments précurseurs étaient des hordes exploratrices, discrètes, lancées par les hordes titanesques quelques années avant qu'elles ne déchainent leurs forces massives pour tâter le terrain. 

— Et si dans le cosmos de Malkouth, des planètes tombaient ainsi, dévorées dans le silence ! Les pertes de contact se multiplient dans mes amas ! Ce n'est pas un hasard ! Les hordes précédentes avaient déjà des dons d'invisibilité ! Et si ces derniers s'étaient développés pour être plus sournois encore ?

Les élohim du public s'agitèrent, inquiets, presque paniqués. Michaël fit non de la tête, tout tremblant. Idiel serra son bras.

— Calme-toi. Els vont tous nous regarder dans trois, deux, un...

Alors que la clameur grandissait, un archange majeur se tourna en direction d'Idiel.

— Vieil oracle ! appela-t-el. Dis-nous la vérité, toi qui lis entre les étoiles !

— Demandez à la Pythie ! s'agaça Idiel, qui avait prédit cette altercation.

— Tu es le plus grand pythien de tous les temps ! clamèrent les élohim dans une clameur nouvelle. Dis-nous ce que tu vois !

— La ferme ! gronda Idiel, terrifiant malgré son apparence innocente. Vous, archanges de Hessed qui m'avez évincé de mon trône ! Je vous priverai de ma sagesse jusqu'à la fin des temps ! 

Le Cosmaréon s'embrasa. Même Padmilia ne parvint pas à calmer les archanges de Hessed, qui s'envolèrent et vinrent attaquer la loge d'Idiel. 

— Hérétiques ! Hérétiques ! hurla l'archange-domination alors qu'un bouclier se dressait devant le balcon, prévenant l'assaut. 

Idiel, Michaël et le reste de la suite furent alors évacués par leur contingent de puissances. Mais les dominations d'Idiel se débattirent. Les puissances les lâchèrent et les pythiens se jetèrent sur les hessediens, commençant une bagarre. 

— Auba ! Auba ! Auba ! se mit à s'écrier Idiel.

Ses yeux bleus se voilèrent de blanc. Ses ouailles battirent alors en retraite pour porter leur mentor vers un salon sécurisé. Là, Michaël perdit le fil. Une carapace se forma autour de son esprit, coupant son, image, ne laissant qu'un flou distant. Un démon surgit devant la vertu tétanisée. Puis le visage de Raphaël, fait de mercure liquide, déformé par la colère et la douleur. Les cauchemars revenaient. Michaël se sentit aspiré, cette horrible sensation encore. El se retrouva prisonnier des monolithes. Les murs se resserrèrent autour d'el. Un tombeau, un sarcophage. 

— Aubastronomica. 

Allongé sur un canapé de soie, Idiel prononça ce mot étrange. Tout autour d'el, les pythiens surfaient le réseau EL à la recherche d'une définition. 

— L'aube est habituellement divisée en trois phases, lisait une des dominations. Elle commence lorsque l'étoile est à 18° sous l'horizon, c'est l'aube astronomique, elle n'est alors pas encore clairement perceptible à l'œil nu pour la plupart des créatures mais les étoiles de faible magnitude apparente disparaissent du ciel...

— Aubastronomica.

Michaël reprit conscience brusquement. Son esprit revint dans un état de clarté absolue. Stupéfait, el chercha à réentendre ce nom.

— Pourquoi el dit ça ? demanda-t-el aux pythiens.

— Idiel ?

— Oui Idiel ! Qui d'autre ?

Les pythiens rirent en chœur, observant Michaël avec un éclat de moquerie dans leurs yeux fiévreux. Idiel resta là, absent, son halo crépitant, répétant ce nom. Une pression insupportable endolorit la poitrine de Michaël. El fit volte-face et trotta vers la loge. Le Cosmaréon était plongé dans le chaos. Les élohim volaient dans tous les sens. Des archanges majeurs, des rois, des princes, guidaient les dignitaires dans des formations subjugatrices. Leurs halos capturaient les esprits, les canalisant pour contenir une agitation qui pouvait devenir dangereuse. Quelque chose se passait. Mais quoi ? Michaël chercha Padmilia sur la scène. Ce dernier discutait vivement avec ses conseillers. Pomiel, debout à quelques mètres, restait là, pantois. 

— Aubastronomica...



Michaël rentra au domaine la boule au ventre. Dans le hall d'accueil, el zigzagua entre les élohim pour rejoindre la conciergerie. Le brouhaha était assourdissant, l'atmosphère lourde d'une terrible attente. Au bureau, Michaël retrouva ses collègues vertus les épaules et les ailes affaissées alors qu'els pianotaient nerveusement sur leurs tablettes de cristal. En silence, Michaël revêtit sa tunique de soie orange et mauve, l'uniforme des vertus concierges. Puis el remonta chez Brenna.

— T'en fais une tête, lâcha Siriniel, qui l'attendait dans le salon. Qu'as-tu vu ?

— Une horde titanesque. 

— Ah… Alors ? fit Siriniel, dont la mine crispée trahissait l'effort qu'el faisait pour discuter avec Michaël sans montrer un certain dégoût. Tu as eu un aperçu du conseil de guerre... À quoi ressemble cette nouvelle horde ? Quel est son pouvoir spécial ?

— Son pouvoir spécial ? grimaça Michaël. 

— Les cinq hordes titanesques qui se sont abattues sur nous par le passé ont un point commun jeune vertu, expliqua Siriniel, condescendant au possible.

— Elles étaient toutes... titanesques ? proposa Michaël.

— Elles avaient chacune une caractéristique spéciale, un "pouvoir" en quelque sorte. 

— Je sais, soupira Michaël.

— La horde Noctabomina se rendait invisible, se rappela Siriniel. Malédicta avait cette carapace autour de ses démons…

— Ce n'était pas des "pouvoirs", juste des adaptations pour contrecarrer nos efforts, dit Michaël. Certains diront que c'est le "Malin". Tu y crois ? 

— C'est une question stupide, râla Siriniel. Dis-moi juste ce que Padmilia a annoncé. À quoi ressemble cette horde ? Est-elle vraiment titanesque ? Nous le saurons si...

— Demande à Brenna. Je ne l'ai pas vu mais el y était, c'est certain.

— El n'est pas encore rentré !

— Écoute, je n'en sais rien, mentit Michaël. Ce que j'ai pu entendre c'est que la horde a déjà débarqué à Malkouth. Les dignitaires sont censés organiser la riposte mais Idiel m'a fait comprendre qu'els sont plutôt là pour se cacher. 

Siriniel soupira.

— Et le nom ? demanda-t-el. La rumeur court que le Grand Architecte l'a révélé.

— Aubastronomica, dit Michaël.

— Aubas.... Aubastromica ?

— Aubastronomica, répéta Michaël. C'est le moment qui précède l'aube sur les mondes de Malkouth.

Siriniel fit une moue confuse. 

— C'est imprononçable, conclu-t-el. 

— Essayons de voir ce nom comme un signe d'espérance, soupira Michaël. 

Le jeune concierge pianota frénétiquement quelque chose sur sa tablette de cristal. 

— Que fais-tu ? demanda Siriniel.

— Je vérifie qu'Idiel a tout ce qu'il lui faut. Je vais devoir repartir. El a eu une grosse crise pendant le conseil. El veut se promener avec moi dans les jardins malkoutiens pour s'en remettre.

— Michaël, tu es concierge, pas son éloha de compagnie, s'agaça Siriniel. Tu ne peux pas accepter tous ses caprices.

— Peut-on risquer de vexer un invité ?

— Bien sûr que oui ! Si on se pliait à toutes les demandes de ces idiots ce serait le pur chaos ici ! Un peu de jugeote jeune vertu ! Et puis Idiel n'est qu'un archange déchu. El ne règne sur rien ni personne. Padmilia l'a invité au conseil par pure courtoisie et non pour écouter ce qu'el avait à dire. Donc peu importe de ce qu'el veut.

— Idiel a été, et est toujours, un Saint Archange, riposta Michaël, choqué par les paroles de Siriniel. El fait partie des sept premiers à être bénit par mon Père. 

Siriniel leva les yeux au ciel. Michaël le laissa tomber pour monter dans sa chambre. El récupéra l'akshoka, et redescendit dans le hall du domaine de Padmilia. Là, el rejoignit Negara. Ensemble, els se rendirent dans l'hôtel des invités, jusqu'à la suite d'Idiel. La double porte s'ouvrit devant els. 

— Oh par EL, souffla Negara. 

La suite d'Idiel n'en était pas vraiment une. C'était un domaine, une poche d'univers. Dans un ciel bleu infini, son île-temple flottait, faite de marbre, de jardins, de cours d'eau. Éberlué, Michaël et Negara observèrent l'espace. Le ciel était strié de quelques formes éthérées, certaines chantantes, d'autres grondantes. Les deux jeunes élohim crurent lire en elles des scènes passées. Oui, on voyait Idiel. On voyait ses amis et ses ennemis. La guerre et la paix. Étaient-ce des visions ou des souvenirs ? Negara et Michaël avancèrent, bouche bée, s'encourageant tout de même à se concentrer.

Idiel était assis, seul au beau milieu d'un temple circulaire, bordé de colonnades. Un grand désordre l'entourait. Michaël vit des centaines de bouteilles vides, d'engins cristallins, de parchemins, de bibelots plus ou moins beaux. Des draps étaient dressés entre les colonnes, couverts de dessins ésotériques ou de gribouillis indéchiffrables. Le dôme qui coiffait l'endroit représentait un ciel étoilé, décor traditionnel pour les dominations oracles, qui lisaient entre ces étoiles pour déceler l'avenir. Mais le regard d'Idiel ne se portait pas là-haut. La domination était immobile, les yeux perdus dans le vague, sa grande beauté remise en question par le fait qu'el bavait, la bouche ouverte. 

— Archange Idiel, salua Michaël. Me revoilà, avec mon frère Negara Fitzarch. 

Idiel s'anima. El bondit pour se remettre sur pied et s'envola vers la sortie de sa suite en chantonnant. Mais lorsqu'el voulu passer la porte, cette dernière ne s'ouvrit pas. Idiel tira sur la poignée, puis poussa, puis tira encore, finissant par donner des coups de pieds dans la porte. 

— Attendez Idiel ! appela Michaël. Nous devons parler avant d'aller nous promener. 

— Parler ? souffla Idiel.

— Oui. Je dois vous parler d'une affaire confidentielle pour laquelle, j'espère, vous accepterez de nous aider. 

— Pourquoi la porte est-elle bloquée ? demanda Idiel, la mine assombrie. 

— Je l'ai verrouillée, avoua Michaël. Nous devons absolument rester ici pour discuter. 

Idiel se retourna vers la jeune vertu. 

— Tu me séquestres, petit Fitzarch ?

— Je... ce n'est pas contre vous. C'est pour notre sécurité à tous les trois. 

Idiel passa sa langue dans sa bouche, un geste typique des grands buveurs de jus de grenade. Après quelques secondes de silence, el retourna au centre de son temple. Ignorant Michaël et Negara (dont la mine était figée par la crainte), Idiel attrapa un sachet sur le sol, en sortit une forme d'ambroisie, et commença à manger. La bouche pleine, el émit quelques râles agacés. Finalement, el déglutit et appela :

— Gaaaaardes !

Une centaine de puissances, sorties de nulle-part, fondirent sur Michaël et Negara. Els s'emparèrent d'els et les trainèrent à la suite d'Idiel, qui descendrait dans un étage inférieur du temple. Comment était-ce possible ? Michaël avait vu dans les systèmes que l'archange-domination était seul dans sa suite. 

— Idiel ! appela Michaël. Par EL, écoutez-moi ! Je suis désolé ! Désolé ! 

Idiel chantonna, menant ses gardes dans une vaste salle venteuse, remplie de bazar elle aussi. 

— Laissez partir Negara ! El n'a rien à voir là-dedans, supplia Michaël. 

Les puissances lâchèrent la jeune vertu et son frère, mais les encadrèrent de près. D'un geste, Idiel ordonna à Michaël de s'approcher et de s'assoir au centre d'un pentagramme, tracé sur le sol dans un liquide rouge, visqueux. Oh non, réalisa Michaël. Une vague de colère s'empara d'el. Mais Idiel ouvrit la bouche et l'air se mit à vibrer.

— Assieds-toi.

La voix d'Idiel s'inscrivit dans l'esprit de Michaël comme une brûlure au tison. Dominé, le jeune Fitzarch tomba à genoux, incapable de résister à l'ordre et à sa douleur. Étourdit, el battit des paupières et dans le flou, vit Idiel s'accroupir devant el. 

— Tu étais à Sicad n'est-ce pas ? souffla Idiel, la mine sérieuse mais la voix adoucie. Lors de sa destruction.

Michaël acquiesça, confus. El leva les yeux et vit tout autour les puissances, Negara, immobilisé, et au-delà, sur les murs, des tentures d'or et d'étoiles. Elles dépeignaient une figure immense aux yeux brillants, flottant dans le cosmos. 

— C'est Nukvah qui a détruit la planète, dit Idiel. Ça tout le monde le sait. Mais toi, tu sais davantage de choses. Dis-moi tout.

Michaël ne comprit pas. Pourquoi Idiel lui posait ces questions sur Sicad ? Qu'avait-el à voir là-dedans ? Travaillait-el avec Burrhus ? Ou Vilanel ? 

— Je ne sais pas quoi vous dire, murmura Michaël.

— Fais un effort, ordonna Idiel, ferme. 

— Courage Michaël, dit alors Negara, qui restait droit malgré la peur. 

— Je suis arrivée sur le front de Sicad via la barge de guerre de l'archange Raphaël, expliqua alors Michaël. Nous avons observé la débâcle. Il fallait aider les troupes à se retirer du ciel de bataille mais Raphaël a refusé car Nukvah approchait. 

— Qui a appelé Nukvah ? coupa Idiel.

— Les séraphins ?! répondit Michaël. Els ont saboté la retraite juste pour que le partzuf frappe... Je ne sais pas pourquoi.

— Quels séraphins, Michaël ? demanda Idiel. Lesquels ?

— Cels de la flotte d'Éden, je suppose.

— Tu supposes ?

— Oui ! Qui d'autre aurait pu appeler Nukvah ?

— Réfléchis. 

— Il... il y avait aussi des séraphins sur Sicad, menés par l'évêque Burrhus. Mais je ne les ai pas vus ! Mais l'arrivée de Nukvah était prévue de toute façon. Le partzuf se rendait vers Oméga... je crois... Pourquoi ? Pourquoi ces questions ? 

Idiel se releva et contempla son décor. Sur les tentures étaient représentés les six partzufim, réalisa Michaël. Cela ne l'éclaira pas beaucoup. 

— Idiel, appela alors Negara. Michaël est affligé par des cauchemars à propos de Sicad. Sauf que ce ne sont pas vraiment des cauchemars. Ce sont des visions envoyées par un ange malveillant, je l'ai établi avec mon maître Kalfah de l'école d'Aradim. Nous recherchons la source de ces visions. Si vous nous aidez, nous trouverons surement de nombreuses informations sur les évènements étranges qui ont mené à la destruction de Sicad, suite à l'intervention de Nukvah. Aidez-nous. 

Les yeux d'Idiel se révulsèrent. El lut dans les étoiles quelques instants, stoïque. 

— Donne-moi l'akshoka, ordonna alors Idiel, usant de son pouvoir de domination.

Là encore, Michaël ne sut résister. El tendit l'objet, petite boule argentée, à l'archange qui l'étudia, la mine circonspecte. 

— Un produit du Reflet, c'est indéniable, marmonna Idiel. J'ai passé beaucoup de temps dans cet enfer, tu sais ? raconta-t-el. Les oracles guerriers s'y réfugiaient souvent pour tenter de m'échapper. Mais finalement, je les ai tous rattrapés. Stupides chenapans. 

— Quelqu'un utilise ce cristal pour m'envoyer des cauchemars, dit Michaël. Idiel, aidez-moi à localiser cet éloha. Je suis certain que vous pouvez deviner où el se cache en lisant entre les étoiles. Car vous êtes le plus grand des oracles. Je le sais. Mon Père ne vous aurait pas bénit autrement. Et Padmilia ne vous aurait pas invité ici. Les élohim disent que vous n'êtes là que pour ménager votre honneur, mais je sais que vous avez rencontré mon Seigneur bien des fois depuis votre arrivée. Je l'ai... je l'ai vu sur le système de la conciergerie. 

Le visage d'Idiel se décomposa soudainement, alors qu'el étudiait encore l'akshoka de son regard pâle mais perçant. El ne semblait pas avoir écouté la litanie de Michaël. Choqué, el sortit de son sachet une nouvelle portion d'ambroisie et la fourra dans sa bouche avant de dire :

— Ché pas un archocha !

Un bang violent retentit alors depuis l'entrée de la suite. Les cœurs de Michaël sursautèrent. Contre toute attente, Idiel aida Michaël à se relever et lui rendit son akshoka.

— File, petit Fitzarch, mâchonna Idiel. On se retrouve au procès. 

Stupéfaits, Michaël et Negara furent conduits à la sortie par les puissances de l'archange.

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